Dong Hyek Lim transmue l’élégance qu’il aura mis à ses disques Chopin chez Schubert. Ce piano racé, si lumineux, si ample trouve d’emblée le ton de grande fantaisie de l’Allegro de la Sonate en la majeur. Rien n’y traînera, le mouvement est tout pour ce discours qui se tend sans jamais perdre sa puissance plastique. C’est joué avec un tel art que tout fuse, rien n’est jamais frappé, rappelant l’appassionato que le Brendel des grands jours mettait à son Schubert.
La même qualité de transparence sonore, de registres si contrastés, se retrouve dans le jeu de cet admirable pianiste que les Français connaissent trop peu. Qu’ils écoutent donc la tempête de l’Andantino, ouvrant soudain sur un précipice.
Fluide, comme venue de lointains dorées, la Sonate en si bémol majeur se pare d’une dimension métaphysique, le pianiste y fait chanter un liedersänger, creuse le paysage harmonique, va vers des ailleurs, sereinement, avec un toucher magique.
Puisse-t-il persévérer chez Schubert !, dont il traverse les secrets avec tant d’art.
LE DISQUE DU JOUR
Franz Schubert (1797-1828)
Sonate pour piano No. 20 en la majeur, D. 959
Sonate pour piano No. 21 en si bémol majeur, D. 960
Dong Hyek Lim, piano
Un album du label Warner Classics 19029631946
Acheter l’album sur Amazon.fr – Télécharger ou écouter l’album en haute-définition sur Qobuz.com
Photo à la une : le pianiste Dong Hyek Lim – Photo : © Sangwook Lee/Warner Classics