Une des obsessions d’Herbert Blomstedt reste son aversion pour le legato d’orchestre, celui-là même que Karajan porta à son acmé justement dans ses cycles Brahms. Avec les couleurs claires de Leipzig, Blomstedt détaille les lacis polyphoniques de la Quatrième, élance les maelströms de la Troisième, se payant le luxe de faire la reprise du premier mouvement, ce dont bien des chefs se dispensent. Ils ont tort, Blomstedt en profite pour, réglant les couleurs et les dynamiques, changer la nature même de ce thème. Si ce n’est pas du grand art, je ne m’y connais pas.
Pour la Quatrième, tout un automne s’y mordore, les tempos sont à la fois vastes et fluides et là encore toutes les reprises élargissent la focale, donnant une ampleur singulière à cette grande machine d’orchestre dont le chef suédois semble jouer comme d’un orgue. La Passacaille finale ouvre sur un autre monde dès le choral des cuivres, le chant éperdu de la flûte, le crescendo inexorable, la puissance de son ascension, la coda quasi furieuse en font dans sa péroraison même un geste ouvert.
Admirable étape ultime d’une intégrale qui dit tout des ambigüités du Brahms symphoniste, exposées par une prise de son exemplaire.
LE DISQUE DU JOUR
Johannes Brahms
(1833-1897)
Symphonie No. 3 en fa majeur, Op. 90
Symphonie No. 4 en mi mineur, Op. 98
Gewandhausorchester Leipzig
Herbert Blomstedt, direction
Un album du label Pentatone PTC5186852
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Photo à la une : le chef d’orchestre Herbert Blomstedt – Photo : © Astrid Ackermann