Le plus discret des grands barytons allemands ? Depuis son album de début dans la collection des jeunes talents d’harmonia mundi, tout entier dédié à Schubert, Hanno Müller-Brachmann s’est fait rare au disque, alors même qu’on le tient Outre-Rhin pour un des maître pour le lied. Un stupéfiant couplage Doráti (Die Stimmen), Moussorgski (Chants et danses de la mort) avec András Schiff (IPPNV Concerts 77), un album réunissant autour des Goethe-Lieder de Busoni des opus rares de Schönberg et Gielen (Crystal N 67022), auront montré son goût pour les marges.
Surprise, le voilà qui grave trois opus autrement repérés, où Dietrich Fischer-Dieskau aura posé autant de modèles. Dans la nudité de l’accompagnement pianistique, ses Kindertotenlieder sont étreignants au-delà du supportable, cet art de tout dévorer, texte et note, d’un artiste parvenu au sommet de son art, auquel les soucis cosmétiques sont devenus indifférents. Les grands gestes des Monologues de « Jedermann », ses pe(n)sées philosophiques, sont emplis d’un chant cendré, traversés de visions, pour le coup Fischer-Dieskau n’est souvent pas loin.
Mais ce sera au long des prophéties et des sentences des Vier ernste Gesänge que le génie d’Hanno Müller-Brachmann s’emploiera à plein. La parole de L’Ecclésiaste flamboie, la mort elle-même est défaite par l’autorité de ce chant salvateur, amer, conscient, soutenu par le piano-orgue d’Hendrik Hellmann.
LE DISQUE DU JOUR
Gustav Mahler (1860-1911)
Kindertotenlieder
Frank Martin (1890-1974)
6 Monologue aus „Jedermann“
Johannes Brahms (1833-1837)
Vier ernste Gesänge, Op. 121
Hanno Müller-Brachmann, baryton
Hendrik Heilmann, piano
Un album du label MDG 9082231-6
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Photo à la une : le baryton Hanno Müller-Brachmann – Photo : © DR