La grande phrase des violons élance la Quatrième Symphonie dans un vaste azur : cela chante comme rarement, est phrasé sostenuto surtout, respire large mais toujours dans une précision du geste que Brahms n’aura guère connu qu’avec Arturo Toscanini.
William Steinberg, gravant au Soldiers and Sailors Memorial Hall en 1961, 1962 et 1965 les quatre symphonies de Brahms se souvenait probablement de l’énergie que le maestro infusait à son Brahms, il l’avait assisté pour les cycles avec le NBC et le New York Philharmonic, mais comment ne pas entendre dans l’élévation lyrique de la Deuxième, dans l’élégance folle de la 3e, dans la volonté de retrait qui rend la Première si singulière, une mise à distance du génie toscaninien ?
Le Brahms de Steinberg est d’une haute culture germanique, au-delà de la perfection de la lecture analytique qu’il conduit avec art. Son secret, rendre tout clair, son Brahms est hanséatique, empli d’une forte lumière maritime, à cent lieux des automnes furtwanglériens, et finalement à cent lieux aussi de la furia lyrique d’un Toscanini. Il impose par-delà les paysages un lecture classique, évidente, qui en effet culmine dans une Quatrième éclatante comme un vitrail, et dont l’ampleur, le mouvement emporte également une Ouverture plus ardente que tragique.
Miracle, enfin la splendide prise de son de C. Robert Fine est magnifiée par un transfert remarquable. Après hier les Beethoven et aujourd’hui les Brahms, Deutsche Grammophon doit poursuivre par un album composite rassemblant des Command moins courus mais tout aussi exceptionnels, Pétrouchka, les Schubert, la 7e de Bruckner, l’anthologie Wagner, l’album Copland attendent d’être tirés des archives.
LE DISQUE DU JOUR
Johannes Brahms (1833-1897)
Symphonie No. 1 en ut mineur, Op. 68
Symphonie No. 2 en ré majeur, Op. 73
Symphonie No. 3 en fa majeur, Op. 90
Symphonie No. 4 en mi mineur, Op. 98
Ouverture tragique, Op. 81
Pittsburgh Symphony Orchestra
William Steinberg, direction
Un album de 3 CD du label Deusche Grammophon 002894861815
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Photo à la une : le chef d’orchestre William Steinberg – Photo : © DR