Âme de velours

Le grand mezzo ambré d’Elīna Garanča était destiné aux brunes wagnériennes, sa Kundry sacrant un allemand aussi intense que le raptus de son chant. Ses Wesendonck-Lieder sont des drames, elle les emplit de sortilèges, Christian Thielemann lui tend le philtre capiteux des Viennois. Quelle lecture !, empoisonnée, mortifère, qui vous noircit l’âme.

Admirable, au point qu’après la poétique mahlérienne, pourtant si intense, ne retrouve pas le même degré d’émotion et de fascination. Les captations sont distantes d’une année, d’un Festival de Salzbourg l’autre, ceci explique-t-il cela ?

Mais lorsque le hautbois encense la mélodie nocturne d’Ich bin der Welt abhanden gekommen, alors le miracle se reproduit, l’ambre du medium, le ton de lune pâle de l’aigu, la tristesse et l’apaisement du renoncement, tout y est, et quel orchestre, tenu à la limite du silence…

LE DISQUE DU JOUR

Richard Wagner (1813-1883)
Wesendonck Lieder, WWV 91 (version Mottl)
Gustav Mahler (1860-1911)
Rückert-Lieder

Elīna Garanča, mezzo-soprano
Wiener Philharmoniker
Christian Thielemann, direction

Un album du label Deutsche Grammophon 4861929
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Photo à la une : la mezzo-soprano lettone Elīna Garanča et le chef d’orchestre Christian Thielemann – Photo : © Festival de Salzbourg