Je n’osais plus l’espérer au compact disc, mais Alto l’a fait : voici enfin disponible la première version des Noches en los jardines de España selon Alicia de Larrocha, l’un de ses enregistrements les plus rares, mis en boîte à Madrid fin 1958, microsillon Hispavox qui n’a guère circulé hors d’Espagne.

Jamais, dans ses versions postérieures, Alicia de Larrocha ne parviendra à autant de flamme(s) et de poésie, l’orchestre aride, aux timbres secs mené avec un sens certain du duende par Jesús Arambarri n’y est pas pour peu, qui plonge l’admirable Steinway ancien de sa soliste dans un décor d’Alhambra sous la pleine lune.

Fascinante version, vrai nocturne avec fantasmagories, qui vient couronner la réédition également parfaite du premier disque monographique qu’Alicia de Larrocha consacra à l’œuvre de piano de Don Manuel, Fantaisie bétique erratique et terrifiante, du quasi Bartók, Pièces espagnoles débordantes de couleurs et de poésie où passe le souvenir de l’Ibéria d’Albéniz, danses fabuleuses de rythmes et d’accents (et pas uniquement pour la célèbre Danse du feu, qu’elle enserre dans un tempo strict) tirés de L’Amour sorcier, du Tricorne, de La Vida Breve.

Disque essentiel pour qui veut savoir son Falla pianistique.

LE DISQUE DU JOUR

Manuel de Falla (1876-1946)
Cuatro piezas españolas
(4 Pièces espagnoles)
La vida breve – Danza No. 2 (version pour piano seul)
El sombrero de tres picos – Danza de los vecinos, Danza de la molinera (versions pour piano seul)
El amor brujo – Danza del terror, Danza ritual del fuego (versions pour piano seul)
Fantasía Bética (Fantaisie bétique)
Noches en los jardines de España

Alicia de Larrocha, piano
Orquesta de Conciertos de Madrid
Jesús Arambarri, direction

Un album du label Alto ALC1437
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Photo à la une : le pianiste Alicia de Larrocha – Photo : © RCA