Un remplacement au pied levé d’Arturo Toscanini à la tête des Philadelphiens a assis une bonne fois pour toute la renommée de ce jeune émigré hongrois qui s’était imposé comme le premier violon du Capitol Theater de New York, puis avait charmé le public radiophonique en dirigeant des œuvres légères.
Mais prendre soudain la direction musicale d’un orchestre était un tout autre pari. La phalange de Minneapolis sortait du long magister de Henri Verbruggen, Ormandy arrivait avec l’enregistrement électrique, le disque allait donner à son orchestre un rayonnement national. Il impose son style vif, aux rythmes marqués, typiquement hongrois, tout en renouvelant le quatuor qui sera le principal instrument de la sonorité éclatante dont il va parer l’orchestre.
Les pièces brèves ouvrent le bal, suite de fabuleuses accroches pour le relativement grand public nord-américain où continue de briller bien des perles (écoutez la Première Rhapsodie roumaine d’Enesco, la Danse des comédiens de Smetana, le Scherzo capriccioso de Dvořák, l’Alborada del gracioso de Ravel), mais rapidement Ormandy va oser graver le répertoire moderne, enregistrant le jour même de l’arrivée des partitions la Suite d’Háry János, donnant la première discographique de la Verklärte Nacht, s’imposant d’emblée comme un sibélien majeur avec une fusante Première Symphonie, et, inconscience ou prescience, acceptant que soit captée en concert la Résurrection de Mahler en l’assortissant de cloches peu philologiques et surtout pas dans le ton.
La vivacité du style, la modernité des conceptions surprend plus encore dans le grand répertoire – 4e de Beethoven parfaite au Finale étourdissant, splendide 4e de Schumann où Ormandy ne masque aucune des scories de l’orchestration – et évidemment triomphe dans les pages de ballets signées Léo Delibes.
Incroyable 2e de Rachmaninov, enregistrée à l’orée de l’amitié qui va le lier à jamais au compositeur, mais courrez d’abord aux Valses des Strauss, Vienne vue de Budapest même dans le Minnesota !, irrésistible.
LE DISQUE DU JOUR
Eugene Ormandy
& Minneapolis Symphony Orchestra
The Complete RCA Album Collection
CD 1
Zoltán Kodály (1882–1967)
Háry János – Suite
Jenő Zádor (1894–1977)
Caprice hongrois
Georges Enesco (1881–1955)
Rhapsodie roumaine No. 1 en la majeur, Op. 11 No. 1 (extrait : partie 2)
Bedřich Smetana (1824–1884)
La fiancée vendue, JB 1:100 – Danse des comédiens
Leo Sowerby (1895–1968)
Irish Washerwoman
Antonín Dvořák (1841–1904)
Scherzo capriccioso, Op. 66
Johannes Brahms (1833–1897)
21 Danses hongroises, Woo 1 (4 extraits, Orch. Dvořák : No. 18 en ré majeur ;
No. 19 en si mineur ; No. 20 en mi mineur ; No. 21 en mi mineur)
CD 2
Robert Schumann (1810–1856)
Symphonie No. 4 en ré mineur, Op. 120
Ludwig van Beethoven (1770–1827)
Symphonie No. 4 en si bémol majeur, Op. 60
Ouverture « Leonore No. 3 », Op. 72b (Fragment)
CD 3
Arnold Schönberg (1874-1951)
Verklärte Nacht, Op. 4
Arthur Honegger (1892–1955)
Concertino pour piano et orchestre, H. 55
Eunice Norton, piano
Fritz Kreisler (1875–1962)
3 Alt-Wiener Tanzweisen: I. Liebesfreud, II. Liebesleid, III. Schön Rosmarin (arr. pour orchestre)
Tambourin chinois, Op. 3 (arr. pour orchestre)
Caprice viennois, Op. 2 (arr. pour orchestre)
Harold Ayres, violon solo
Robert Schumann (1810–1856)
Träumerei (No. 7, extrait des « Kinderszenen, Op. 15 », arr. pour quatuor à cordes : Benjamin Godard, ici jouée en version avec orchestre)
CD 4
Léo Delibes (1836–1891)
La source – Suite
Sylvia – Suite de ballet (arr. Ungnickel)
Coppélia – Suite de ballet
Ermanno Wolf-Ferrari (1876–1948)
I gioielli della Madonna (2 extraits : Intermezzo I, Intermezzo II)
Charles Gounod (1818–1893)
Marche funèbre d’une marionnette, CG 583 (version orchestrale)
Maurice Ravel (1875–1937)
Alborada del gracioso, M. 43/4 (version orchestrale)
CD 5
John Alden Carpenter (1876–1951)
Adventures in a Perambulator
Charles Tomlinson Griffes (1884–1920)
The Pleasure Dome of Kubla Khan, Op. 8
Arnold Zamachson (1892-1956)
Chorale and Fugue in D minor, Op. 4 (version orchestrale)
Roy Harris (1898-1979)
When Johnny Comes Marching Home – An American Overture
Percy Grainger (1882-1961)
Shepherd’s Hey
Country Gardens
Londonderry Air
Molly on the Shore
CD 6
Sergei Rachmaninov (1873–1943)
Symphonie No. 2 en mi mineur, Op. 27
Piotr Ilyitch Tchaikovsky (1840–1893)
Quatuor à cordes No. 1, Op. 11 – II. Andante cantabile, en si bémol majeur (version orchestrale)
CD 7
Gustav Mahler (1860–1911)
Symphonie No. 2 « Résurrection »
Anne O’Malley Gallogly, contralto – Corinne Frank Bowen, soprano – Twin City Symphony Chorus
CD 8
Johann Strauss, Jr. (1825-1899)
An der schönen, blauen Donau, Op. 314
Die Fledermaus – Ouverture
Geschichten aus dem Wiener Wald, Op. 325
Accelerationen, Op. 234
Der Zigeunerbaron – Ouverture
Josef Strauss (1827-1870)
Aquarellen, Op. 258
Pizzicato-polka
Johann Strauss, Sr. (1804-1849) / Josef Strauss (1827-1870)
Fürstin Ninetta Op. 449 – Neue Pizzicato Polka
Riccardo Drigo (1846–1930)
Millions d’Arlequin. Valse bluette (Air de ballet No. 2) (arr. Leopold Auer)
Richard Strauss (1864-1949)
Der Rosenkavalier, Op. 59, TrV 227 – Suite de valses
Carl Stix (1860-1909)
Spielerei, Op. 140
Jaromír Weinberger (1896-1967)
Polka et Fugue, extrait de « Schwanda »
CD 9
Wolfgang Amadeus Mozart (1756–1791)
Sérénade No. 13 en sol majeur, K. 525 « Eine kleine Nachtmusik »
6 Danses allemandes, K. 600
4 Danses allemandes, K. 602 (extrait : No. 3 en ut majeur)
3 Danses allemandes, K. 605
Le Nozze di Figaro, K. 492 – Ouverture
Niccolò Paganini (1782–1840)
Moto perpetuo, Op. 11 (version orchestrale : Ormandy)
Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Herzlich tut mich verlangen, BWV 727 (version orchestrale : Caillet)
CD 10
Anton Bruckner (1824–1896)
Symphonie No. 7 en mi majeur, WAB 107
CD 11
Jean Sibelius (1865–1957)
Symphonie No. 1 en mi mineur, Op. 39
Minneapolis Symphony Orchestra
Eugene Ormandy, direction
Un coffret de 11 CD du label RCA/Sony Classical 19439952392
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Photo à la une : le chef d’orchestre Eugene Ormandy, relativement jeune, avec le compositeur Sergei Rachmaninov – Photo : © Marston Records