Fantaisie

Moderato e cantabile. Stephen Hough prend Schubert au mot et son indication à la lettre : la fluidité du geste, le repli dans les pianissimos, les guirlandes dorées de l’aigu d’un très beau Steinway (et bien capté, David Hinitt donnant de l’espace, profitant de la belle acoustique du Henry Wood Hall) augure d’une Sonate en sol majeur magique à force de tendresse, d’allusion.

C’est que patiemment le pianiste britannique apprivoise son Schubert, ce deuxième opus monographique – troisième si l’on compte le disque à quatre mains avec Paul Lewis – le montrant souverain dans l’art d’évoquer, il y déploie une lyrique ombreuse, fuit le pathos lorsque les couleurs mineures paraissent, lui préférant une fièvre un peu beethovénienne.

C’est de bout en bout admirable, et d’une fantaisie joueuse jusque dans la plus infime délicatesse d’un Andante très moment musical, dans le caractère d’un Menuetto de grand bal, avant que l’Allegretto ne déploie sa guirlande, brillante et voluptueuse dans un si beau piano, sous ses doigts si poétiques.

Vous vous doutez que la petite Sonate en la majeur avoue avec un tel pianiste tous ses charmes, mais Stephen Hough lui donne une dimension supplémentaire, des teintes nostalgiques, un peu d’intranquillité qui tirent l’oreille.

Décidément son Schubert surprend, jusque dans le presque rien du Fragment, D. 769a, idée fulgurante, d’une noirceur saisissante, appelant avec véhémence l’inachèvement.

LE DISQUE DU JOUR

Franz Schubert (1797-1828)
Sonate pour piano en
sol majeur, D. 894

Fragment pour piano en
mi mineur, D. 769a

Sonate pour piano en
la majeur, D. 664

Stephen Hough, piano

Un album du label Hypérion CDA68370
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Photo à la une : le pianiste Stephen Hough – Photo : © DR