Si vous voulez entendre dans les Préludes de Chopin des tempêtes et des rêveries, passez votre chemin. C’est le Journal de Majorque que nous conte ici Domenico Codispoti, entièrement réflexif, lyrique mais sans épanchement, un journal au jour le jour sous un ciel bas et dans une température qui fut, on le sait, peu clémente. Musique de l’intérieur, sombre souvent, et souvent d’une mélancolie qui s’entend dans ce toucher feutré, ce piano qui ose des polyphonies diaprées, c’est d’un musicien et d’un poète surtout qui refuse de hausser le ton.

Admirable, au point que les écoutes répétées font toujours entrer plus avant dans l’univers secret de Chopin. La mise en regard avec le Premier Cahier du Sentier effacé de Janáček est plus qu’une belle intuition, la confrontation de deux journaux intimes, qui permet au pianiste d’exposer le raffinement de sa sonorité, l’élégance de ses phrasés.

Pour coda, la Sonate, si désolée, a des allures de cénotaphe, le tout dans ce piano allégé, aérien, que n’eut pas désavoué Rudolf Firkušný.

LE DISQUE DU JOUR

Notebook

Frédéric Chopin (1810-1849)
24 Préludes, Op. 28
Leoš Janáček (1854-1928)
Sur un sentier recouvert,
JW 8/17 – Cahier 1
Sonate pour piano « I. X. 1905, Z ulice », JW 8/19

Domenico Codispoti, piano

Un album du label Eudora Records EUD SACD2203
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Photo à la une : le pianiste Domenico Codispoti – Photo : © DR