De la musique pour un insomniaque ? Dès l’énoncé du thème, Bruno Procopio annonce la couleur, ses Goldberg ne seront pas cette musique intangible où même le temps s’éternise, pour résumer, il est l’anti-Leonhardt.
Tout ici, dès le thème, ira presto, les variations s’enchaînant comme une suite de danses, les rythmes claironnent dans les polyphonies, quitte à manquer de souffle, mais jamais d’ivresse. Pas de place pour l’introspection, mais pour la nostalgie oui, voilà donc que le claveciniste tire l’œuvre vers ce qu’il y a de plus français, et d’absolument XVIIIe siècle, pure musique de plaisir, libertine et éclatante, avec dans les replis, et évidemment pour la 25e Variation, comme un à-rebours de tout ce qu’on aura pu y entendre : une formule interrogative têtue, mordante où soudain derrière la modernité paraissent comme des souvenirs de Frescobaldi.
Lecture décapante, audacieuse, qui n’en doublonnera aucune autre, pourra irriter, mais que les Goldberg, entendues du clavecin, auront trop longtemps attendue.
LE DISQUE DU JOUR
Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Variations Goldberg,
BWV 988
Bruno Procopio, clavecin
Un album du label Paraty 11221111
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Photo à la une : le claveciniste Bruno Procopio – Photo : © Eduardus Lee