Lully n’aura pas eu le temps d’achever Achille et Polyxène, son ultime tragédie lyrique, mais put trousser une œuvre d’un genre qu’il n’avait pas abordé encore et qui fera florès durant le prochain règne, la pastorale héroïque, destinée à divertir une partie de chasse pour le Dauphin. Est-ce d’être délesté des architectures de la tragédie lyrique qui libère à ce point la narration, le chant même ?

Acis et Galatée est un miracle de fluidité où le théâtre se coule naturellement dans le flot musical, l’orchestre en est fabuleux, l’un des plus pleins, des plus inventifs qu’a écrits Lully, et le Troisième Acte est simplement génial, avec l’irruption de Polyphème interrompant les fêtes des noces.

Christophe Rousset s’émerveille devant la pure beauté de l’ouvrage, et son orchestre est empli d’une certaine émotion qui gagne les chanteurs : Cyril Auvity fait un Acis touchant, Ambroisine Bré campe une Galatée de grand caractère, les silhouettes sont subtilement brossées, et quel formidable Polyphème que celui d’Edwin Crossley-Mercer, délivrant le cyclope de tout grotesque, le faisant humain dans sa jalousie.

Je range avec bonheur ce nouvel Acis et Galatée aux côtés de celui du jeune Marc Minkowski (Archiv Produktion).

Allez, maintenant il faut oser Atys !

LE DISQUE DU JOUR

Jean-Baptiste Lully (1632-1687)
Acis et Galatée,
LWV 73

Cyril Auvity, ténor
(Apollon, Acis)
Ambroisine Bré, mezzo-soprano (Diane, Galatée)
Edwin Crossley-Mercer, baryton-basse (Polyphème)
Deborah Cachet, soprano (Une Dryade, Aminte, Une Naïade)
Bénédicte Tauran, soprano (L’Abondance, Scylla, Une Naïade)
Robert Getchell, ténor (Comus, Télème)
Enguerrand de Hys, ténor (Tircis, Le Prêtre de Junon)
Philippe Estèphe, baryton (Un Sylvain, Neptune)

Chœur de chambre de Namur
Les Talens Lyriques
Christophe Rousset, direction

Un album de 2 CD du label Aparté AP269
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Photo à la une : © Hugo Warynski