Paul Lewis surprit en bien les mélomanes avec son tout premier opus discographique déjà chez harmonia mundi, collection Les nouveaux musiciens.
Au programme, deux Sonates de Schubert (D. 794 et D. 958), jouées avec une élégance dont la fièvre n’était pas exclue. On était à l’orée du nouveau siècle ; vingt-deux années plus tard le pianiste britannique boucle son parcours Schubert qui aura ajouté aux Sonates, les Moments musicaux, les trois Klavierstücke et les Impromptus. L’amateur cherchera chez Hypérion les opus à quatre mains partagés avec Steven Osborne. L’ultime album est dédié à des sonates réputées fragiles, toutes de demi-caractère, dont le lyrisme se mordore naturellement à ce clavier devenu si automnal au fil des années.
Pourtant, Paul Lewis fait basculer la petite Sonate en la majeur du côté des grandes Sonates, architecture puissante, grand son, traits altiers, l’œuvre semble méconnaissable, et d’autant plus fascinante ainsi délivrée de toute joliesse.
Il l’aura pensée ainsi pour la mettre en regard des abimes autrement vertigineux qu’ouvre la Sonate en la mineur (D. 537), à l’incipit si beethovénien, confirmant le ton sombre du disque. Les quatre mouvements tendres, lyriques, effusifs de la Sonate en mi bémol majeur intercalant leurs espaces ouverts, le pianiste les jouant nocturne, mais nocturne de pleine lune.
Admirable conclusion d’une série au long cours, dont les précédents volumes sont devenus plus ou moins introuvables et qu’harmonia mundi serait bien inspirée de réunir dans un beau petit coffret, sans oublier le disque des débuts, tant l’art de Paul Lewis a trouvé chez Schubert son terrain d’élection.
LE DISQUE DU JOUR
Franz Schubert (1797-1828)
Sonate pour piano en
la majeur, D. 664
Sonate pour piano en
mi bémol majeur, D. 568
Sonate pour piano en
la mineur, D. 537
Paul Lewis, piano
Un album du label harmonia mundi HMM902690
Acheter l’album sur Amazon.fr – Télécharger ou écouter l’album en haute-définition sur Qobuz.com
Photo à la une : le pianiste Paul Lewis – Photo : © DR