L’archet flûte, comme jouant d’une syrinx, le piano n’est qu’onde, les deux amis tiennent tout le début de la Sonate dans un demi-jour.
Quel sens des atmosphères, quel art de suspendre le temps, d’élargir la focale avant le pur caprice du second mouvement, où tout devient étrange et fantasque comme le veut Debussy. Le Final surprendra, commencé dans une lointaine retombée de Feux d’artifice (décidément il faut que Lukas Geniušas enregistre l’œuvre de piano du Faune, puis soudain d’une plénitude d’archet et de clavier qu’on y entend rarement.
Un autre éden saisit dès l’amorce de la Sonate de Reynaldo Hahn, merveille trop oubliée des violonistes, qui glisse dans ses charmes une nostalgie sensuelle sans équivalent alors dans le répertoire français. Aylen Pritchin caresse l’œuvre d’un archet argenté, le piano murmure, les deux amis célèbrent l’imagination délicate, les harmonies troublantes, le génie mélodique qui au long des trois mouvements rendent l’œuvre si addictive.
Plus soudain, pleine lumière pour un Duo concertant où Stravinski met des angles à son discours. Aylen Pritchin et Lukas Geniušas se gardent bien de tout raidir, et chantent dans l’équilibre radieux d’une partition belle comme un Kupka, pur jeu de formes et de couleurs qui porte en son sein un chant orphique, trop souvent ignoré par les interprètes. Ici, on l’entend enfin magnifié.
LE DISQUE DU JOUR
Claude Debussy (1862-1918)
Sonate pour violon et piano, CD 148, L. 140
Reynaldo Hahn (1874-1947)
Sonate pour violon et piano
en ut majeur
Igor Stravinski (1882-1971)
Duo concertant
Aylen Pritchin, violon
Lukas Geniušas, piano
Un album du label Mirare MIR572
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Photo à la une : le violoniste Aylen Pritchin et le pianiste Lukas Geniušas – Photo : © DR