Le jeune homme et la mort

Vienne, année 1880, Bruckner avait trouvé son disciple en la personne d’Hans Rott, dont le génie visionnaire éclate au long de sa splendide Première Symphonie, l’œuvre d’un jeune homme de vingt-deux ans. Le solo de trompette qui ouvre l’Alla breve donne la couleur de cette fin de siècle à Vienne, dorée, mais sombre. Comment ne pas y entendre le son même des post-Romantiques autrichiens, de Franz Schmidt tout particulièrement !

La partition est fabuleuse de promesses, et c’est peu écrire que Jakub Hrůša et ses Bamberger les réalisent, osant dans le grand Scherzo faire le parallèle avec celui de la Première Symphonie de Mahler qui en reprendra la formule initiale dans sa Résurrection.

Jakub Hrůša élargit la focale avec l’anecdotique Prélude Symphonique de Bruckner mais surtout avec une lecture éclairante de Blumine, ce poème de printemps que Mahler a bien eu tort d’écarter de la version finale de sa Première Symphonie.

Comme Mahler leur va bien ! Ne serait-il pas temps pour Deutsche Grammophon de leur confier sa nouvelle intégrale des Symphonies, d’autant que Jakub Hrůša se penche sur les manuscrits, et cela s’entend tout au long de ce Blumine enchanté, avec ses airs de conte un peu noir. Magique.

LE DISQUE DU JOUR

Hans Rott (1858-1884)
Symphonie No. 1 en mi majeur
Gustav Mahler (1860-1911)
Blumine
Anton Bruckner (1824-1896)
Symphonisches Präludium, WAB 297

Bamberger Symphoniker
Jakub Hrůša, direction

Un album du label Deutsche Grammophon 4862932
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Photo à la une : le chef d’orchestre Jakub Hrůša – Photo : © Marian Lenhard/Deutsche Grammophon