Flûte, diminuendo, ornements d’un autre âge, Gil Shaham est infiniment libre dans le Rondeau du Troisième Concerto, et musarde dans la musette sur les pizzicatos avant d’envoler la gigue qu’il bariole d’une vielle.
L’imagination est au pouvoir dans cet album que Nicholas McGegan dirige, heureusement d’abord plus inspiré que musicalement informé ; le violon « supra-virtuose » de son soliste, assez Heifetz, l’invite à surtout ne pas être raide.
À cette aune, on se doute que le « Turc » sera fabuleux, détaillé et envolé, avec un luxe de phrasés espressivo et pourtant toujours un archet fusant, mais les autres concertos sont tout aussi désarmants de poésie et d’entrain, d’apartés et de fantaisie, toujours dans un orchestre sur les pointes, et jusqu’aux Rondo et Adagio, joués avec esprit, comme les concertos, s’y mêlent grâce, plaisir, caprice et nostalgie, en un seul mouvement un peu dansé, avec des airs de sérénade et des intrigues de bosquet.
Merveille inattendue, qui rappelle que Gil Shaham, loin aujourd’hui de ses glamoureuses années Deutsche Grammophon, est parvenu à l’acmé de son art. Tiens, qu’il nous fasse donc les Haydn, ces mal-aimés !
LE DISQUE DU JOUR
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Concerto pour violon et orchestre No. 1 en si bémol majeur, K. 207
Concerto No. 3 en sol majeur, K. 216
Concerto No. 4 en ré majeur, K. 218
Concerto No. 2 en ré majeur, K. 211
Adagio pour violon et orchestra en mi majeur, K. 261
Concerto No. 5 en la majeur, K. 219
Rondo pour violon et orchestra en ut majeur, K. 373
Gil Shaham, violon
SWR Symphonieorchester
Nicholas McGegan, direction
Un album de 2 CD du label SWR Classic 19113CD
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Photo à la une : le violoniste Gil Shaham – Photo : © 2020 Chris Lee