Affinités électives

Redoutables les œuvres pour piano de Franck, tant y auront laissé trop de bons sentiments distendre le discours, pas Tanguy de Williencourt qui regarde la partition droit dans les yeux, évite à Prélude, Choral et Fugue les pâmoisons chlorotiques, préférant dans son piano d’ombre les jouer comme trois nocturnes, intenses, méditatifs, dans une sonorité sans marteau où s’invite comme le fantôme d’un orgue. C’est bien entendu, magnifiquement joué surtout, sans afféterie, mais non sans mélancolie.

Le même toucher admirable jusque dans des pianissimos portés loin et pourtant secrets transfigure les Variations symphoniques, dont l’ultime n’aura jamais dansé à ce point depuis des lustres, grâce aussi à la battue allégée de Kristiina Poska. Qui les jouait ainsi jadis ? Walter Gieseking.

Vif, allant et divinement phrasé, le Prélude de Prélude, Aria et Final confirme les affinités électives du jeune homme avec l’univers secret de Franck (un modèle peut-être, Blanche Selva ?), coda d’un disque qui s’ouvre sur le tumulte des rares Djinns, un tout autre Franck qui surprendra ceux qui ne l’entendent qu’à travers l’architecture de la Symphonie.

LE DISQUE DU JOUR

César Franck (1822-1890)
Les Djinns, FWV 45, CFF 136
Prélude, Choral et Fugue,
FWV 21, CFF 24

Variations symphoniques, FWV 46, CFF 137
Prélude, Aria et Final,
FWV 23, CFF 26

Tanguy de Williencourt, piano
Orchestre Symphonique des Flandres
Kristiina Poska, direction

Un album du label Mirare MIR598
Acheter l’album sur le site du label Mirare ou sur Amazon.fr – Télécharger ou écouter l’album en haute-définition sur Qobuz.com

Photo à la une : le pianiste Tanguy de Williencourt –
Photo : © Jean-Baptiste Millot