Le piano d’abord, un splendide Bösendorfer qui chante tout seul, et dont Julian Trevelyan (qui sait ce que chanter veut dire, c’est un autre de ses talents) joue avec une évidente simplicité. Ce beau clavier égal, sans ombres, va comme un gant au Concerto (No. 23) en la majeur, à son fin soleil, à son Andante où chante La Comtesse, Christian Zacharias couvant d’un œil amoureux son soliste.
Tout cela, question aussi d’orchestre, est absolument viennois, le plaisir tout simple de jouer sans se soucier des arrière-plans, de laisser couler la musique dans une sorte d’évidence qui exige du soliste un certain effacement.
Surprise, dans le « Sturm und Drang » du Concerto (No. 24) en ut mineur, avec son orchestre très Don Giovanni, la même simplicité fait recette, Julian Trevelyan laissant de côté l’emphase pour chanter avec une intimité du son, une concentration poétique, une sorte de détachement qui en fait un voyageur impavide dans la tempête de l’Allegro (avec la rare cadence d’Hummel, bonne pioche) et un narrateur subtil dans la romance du Larghetto.
Le demi-caractère de l’Allegretto, pris mesuré, pourra en étonner plus d’un par sa distance quasi placide, et aussi par la cadence, signée du pianiste, tout cela ne ressemble à rien qu’on a pu déjà entendre, cette réserve élégante, ce jeu fluide quasi hypnotique, avec la petite sérénade un peu mélancolique au centre, donnent envie que les deux amis poursuivent leur voyage Mozart.
LE DISQUE DU JOUR
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Concerto pour piano et orchestre No. 23 en la majeur, K. 488
Concerto pour piano et orchestre No. 24 en ut mineur, K. 491
Julian Trevelyan, piano
ORF Radio Symphonieorchester Wien
Christian Zacharias, direction
Un album du label Alpha Classics 883
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Photo à la une : le pianiste Julian Trevelyan – Photo : © Paul Reinhard