Le son des guitare, théorbe et colascione, les percussions, un violon impertinent emporte la petite troupe de chanteurs qui s’empare de Giesu dileto sposo, mêlant le sacré et le populaire, comme savent si bien le faire Vincent Dumestre et son Poème harmonique.

Sa Venise très Renaissance et assez orientale s’avère irrésistible, dans les laudations toutes simples, à l’usage des religieuses des couvents, signées par Serafino Razzi, musique de l’usage liturgique courant, de l’intimité spirituelle, que magnifie le timbre androgyne d’Eva Zaïcik, vraie mezzo pourtant, mais la ligne, les suspensions, l’affleurement des émotions dans les mots la rendent proche autant des altos masculins que d’Aafje Heynis.

Ardente dans le somptueux Invicti, bellate, motet guerrier pour la Gloire du Christ, elle est stupéfiante de poésie doloriste dans le Nisi Dominus animant le texte comme saisie par une vision : incroyable Surgite avant la mer étale, émouvante du Cum dederit, musique des mystères de l’enfantement aux teintes mariales, sommet d’une œuvre que Vincent Dumestre habille d’étoffes variées.

J’aimerai bien par les mêmes le Stabat Mater et son entourage de Crucifixion et de Saint-Sépulcre dont la Sinfonia est si justement sentie, autre perle d’un disque fascinant.

LE DISQUE DU JOUR

Antonio Vivaldi (1678-1741)
Sinfonia en si mineur, RV 169
Invicti, bellate, RV 628
Nisi Dominus, RV 608
Serafino Razzi (1531-1613)
O Vergin Santa
O dolcezza
Francisco Soto de Langa (1534-1619)
Giesù diletto sposo
Anonymous
Nisi Dominus
Pietro Antonio Locatelli (1695-1764)
Sinfonia funebre en fa mineur, D.2.2

Eva Zaïcik, soprano
Deborah Cachet, soprano
Benoît-Joseph Meier, ténor
Francisco Mañalich, ténor
Virgile Ancely, basse

Le Poème harmonique
Vincent Dumestre, direction

Un album du label Alpha Classics 724
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Photo à la une : © DR