Le temps de Rued Langgaard serait-il venu ? Ses pionniers au disque, Ilya Stupel, Leif Segerstam ou Neeme Järvi auront eu raison d’insister ; depuis leurs albums, Thomas Dausgaard a gravé une nouvelle intégrale de seize opus (un coffret de 7 SACD, Dacapo 6.200001), et voici que Sakari Oramo a mis au répertoire des Berliner Philharmoniker les tourments orageux de la Première Symphonie, consécration très posthume : Langgaard est mort en 1952, oublié de son vivant.
Leif Segerstam, avec son Orchestre Symphonique de la Radio Danoise, en avait gravé pour Chandos une lecture apocalyptique, abrupte, les Berliner sont, eux, sensibles à l’autre pole où balance cette grande symphonie-ballade : ils se délectent de la merveilleuse valse qui vaut pour second thème du premier mouvement, mais l’élan ne leur manquera jamais pour les pages héroïques où l’ombre de Mahler passe plus d’une fois.
Sommet du concert, la sombre Légende, raréfiée, menaçante, dont les raffinements d’écriture sont magnifiés par l’ampleur harmonique que lui donne l’orchestre.
Puis-je rêver qu’au moins le même attelage nous offre le triptyque des Symphonies Nos. 4, 5 et 6 ? Ce serait à nouveau justice.
LE DISQUE DU JOUR
Rued Langgaard (1893-1952)
Symphonie No. 1 en si mineur, BVN 32 « Klippepastoraler » (Pastorale des rochers)
Berliner Philharmoniker
Sakari Oramo, direction
Un album du label Dacapo 8.220644
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Photo à la une : le compositeur Rued Langaard