Tôt dans sa discographie, Daniel Barenboim aura fait siennes les Symphonies de Schumann, à l’égal de celles de Bruckner. Il y revient pour la troisième fois au disque, après sa lecture princeps avec Chicago, si puissamment dessinée, une version médiane lui ayant fait tardivement écho en 2003, déjà avec la Staatskapelle Berlin.
Son Schumann, fait de sombres forêts, d’élans romantiques, de ballades gothiques, de tempos fluctuants, de saisissants arrêts sur images dans les replis piano d’un orchestre savamment modelé, et pas que dans le tendre, le sinistre ou l’allusif : écoutez le cravaché du quatuor dans les mouvements vifs des Deuxième et Troisième Symphonies.
Version littéraire, faustienne, peu encline à suivre les révélations philologiques apportées ici par Gardiner et quelques autres, indifférente aussi au Schumann dessiné jusqu’à en être sculpté par Wolfgang Sawallisch à Dresde. Non, Barenboim entend son Schumann comme l’entend également Christian Thielemann, dans l’ombre de Furtwängler, et pour la Deuxième Symphonie dans le sillage du grand geste esthétique de Sergiu Celibidache : comparez donc leurs Adagios.
Sommet du cycle, le Feierlich de la « Rhénane » : Bruckner s’invite dans ce choral implacable, dans l’immense proclamation des trombones des cors et des trompettes. Commencez par-là, puis écoutez toute la Deuxième Symphonie pour saisir cette approche singulière qui risque d’en désarçonner plus d’un.
LE DISQUE DU JOUR
Robert Schumann (1810-1856)
Symphonie No. 1 en si bémol majeur, Op. 38
« Le printemps »
Symphonie No. 2 en ut majeur, Op. 61
Symphonie No. 3 en mi bémol majeur, Op. 97 « Rhénane »
Symphonie No. 4 en ré mineur, Op. 120
Staatskapelle Berlin
Daniel Barenboim, direction
Un album de 2 CD+1 Blu-Ray du label Deutsche Grammophon 4862958
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Photo à la une : le chef d’orchestre Daniel Barenboim à la tête de la Staatskapelle Berlin – Photo : © DR