La première mouture des Kreisleriana ? Les versions princeps et les versions remaniées de la Grande Sonate, des Impromptus sur un thème de Clara Wieck, des Etudes en forme de Variations, quantité de pièces enregistrées en première mondiale (y compris pour piano et orchestre), voilà l’œuvre achevé.
Dix neuf disques. Florian Uhlig aura fait de Schumann l’un des deux pôles de son univers, l’autre se situant en France, je n’ai pas oublié son Ravel parfait, et un compagnon quotidien qui lui aura permis de bâtir la plus complète des intégrales de l’œuvre pour piano.
Sens inné des tempos, au point qu’on tient sur l’ensemble le vrai tactus schumanien, jeu d’une admirable franchise qui ne laisse rien, pas même les polyphonies les plus enchevêtrées, dans l’ombre, et avec cela les doigts du bon Dieu au service d’une interprétation avant tout lyrique qui dépouille Schumann de ses scories : pas de grand guignol ici, ce qui rend ses Fantasiestücke encore plus étreignantes, et pas non plus de main sur le cœur dans les pièces ultimes : la décantation de ses Chants de l’aube est un miracle plus entendu depuis Karl Engel.
C’est justement à la somme de Karl Engel qu’on devra rapprocher le monument érigé par Florian Uhlig : leurs deux regards sont absolument classiques, et donnent à l’esthétique de Schumann une netteté, une clarté qui en chassent le vernis romantique.
Soudain ce piano est d’une audace folle, moderne par ses harmonies, stupéfiant par l’usage novateur du clavier, il ancre le génie du compositeur hors de l’esthétique de son siècle, et nous le rend si proche que le visage de bien des œuvres en est changé.
Ce n’est pas la moindre des révolutions engendrées par cette belle boîte, désormais votre compagnon Schumann à placer à côté des anthologies de Karl Engel et de Jörg Demus (vous pouvez vous épargner celle de Reine Gianoli), car pour l’intégrale tout est ici, et seulement ici.
LE DISQUE DU JOUR
Robert Schumann
(1810-1856)
L’Œuvre pour piano seul (Intégrale)
L’Œuvre pour piano et orchestre (Intégrale)
Florian Uhlig, piano
Deutsche Radio Philharmonie
Christoph Poppen, direction
Un coffret de 19 CD du label Hänssler Classics HC20015
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Photo à la une : le pianiste Florian Uhlig – Photo : © DR