Debussy, Ravel, les héros du piano français moderne ? Non, mais Jean Cras et sa changeante Maritime, l’Impression d’Automne de Louis Vierne aux teintes de croix de bois, le Nocturne parfumé de Louis Aubert, Souvenance de Cécile Chaminade, preuve que même dans les chemins de traverse le piano de France n’était pas avare de miracles dans son sens du bref.

Eric Le Sage le sait bien, il n’a pas composé ici un récital, mais une invite, et l’entendant jouer à pleines mains la sublime Maritime de Jean Cras, je voudrais qu’il nous donne toute son œuvre de piano, et celle de Pierné aussi, de Germaine Tailleferre, de Gustave Samazeuilh, de Louis Aubert, de Florent Schmitt.

L’album s’ouvre sur une page sublime des Heures dolentes de Gabriel Dupont, et se referme sur la mélodie toute simple du Prélude de l’Opus 18 de Franck, jouée en pudeur, la teinte d’ensemble de l’album est absolument automnale, la palette de couleurs mordorées s’étend jusque dans le grave tant Eric Le Sage sait en doser les lumières, travail de peintre autant que de pianiste, invite constante à la découverte que les deux Gnossiennes de Satie, jouées nues, avec dans la nature même du son un atticisme qui rappelle la dévotion d’Eric Le Sage à Fauré, autre absent volontaire ici, rythme comme deux balises dans un océan d’inconnus.

Disque splendide et secret, où le pianiste se sera livré plus que dans aucun de ses nombreux albums.

LE DISQUE DU JOUR

Jardins suspendus

Œuvres de Gabriel Dupont, Jean Cras, Lili Boulanger, Nadia Boulanger, Reynaldo Hahn, Erik Satie, Jacques Ibert, Camille Saint-Saëns, Vincent d’Indy, Louis Vierne, Louis Aubert, Gabriel Pierné, Germaine Tailleferre, Gustave Samazeuilh, Florent Schmitt, 05Cécile Chaminade, Arthur Honegger, Ernest Chausson, Francis Poulenc, Jehan Alain, Déodat de Séverac, César Franck

Eric Le Sage, piano

Un album du label Sony Classical 19658749702
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Photo à la une : le pianiste Éric Le Sage – Photo : © DR