Dire ou chanter ? Abordant le mélodrame de Jean Cocteau, Véronique Gens sait bien qu’habillé par Poulenc, il appartiendra pour l’éternité à Denise Duval, qui a imposé sa diction, ses couleurs, ses rythmes, sa dramaturgie. Alors chanter, s’immerger dans les lignes de Poulenc, marier son timbre avec et orchestre qui est l’autre personnage du drame, tout à la fois commentateur et animateur et auquel Alexandre Bloch ne refuse pas une certaine prépondérance. Qui d’autre l’aura tenté ?
En scène, au Châtelet, Elisabeth Söderström, délaissée absolue et absolument bouleversante.
Véronique Gens, qui saisit dès ses premiers mots le ton irrémédiable de tout cela (j’entends déjà du suicide dans sa voix), met ici sa science de tragédienne, anoblissant les banalités poétiques de la conversation, évitant le pathos. Ce chant si droit, si ténébreux, est terrible, étreignant, et ajoute aux mots de Cocteau comme aux notes de Poulenc une amertume empoisonnée.
Saisissante lecture qui aurait pu se compléter avec l’autre suicide. Mais non, pas de Dame de Monte-Carlo, mais une Sinfonietta sans rapport, juste ajoutée, et qui s’écoute avec plaisir.
LE DISQUE DU JOUR
Francis Poulenc (1899-1963)
La voix humaine, FP 171
Sinfonietta, FP 141
Véronique Gens, soprano
Orchestre National de Lille
Alexandre Bloch, direction
Un album du label Alpha Classics 899
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Photo à la une : la soprano Véronique Gens – Photo : © DR