Le virtuose

La franchise de l’archet, le plaisir voluptueux des traits, le vaste soleil qui inonde l’orchestre dès le Moderato du Concerto en ut04, comment ne pas céder au pur plaisir physique du jeu de Christian Poltéra ?

Abordant ces deux chefs-d’œuvre du classicisme, le violoncelliste leur ôte la patine sentencieuse dont on les aura trop souvent alourdis. Comme jadis Frédéric Lodéon, Christian Poltéra chante à archet déployé, et emporte les Finales dans des tempos fusants. Sa virtuosité est invisible tant tout vole ici, et sourit, musique absolument heureuse, sans une ombre, où les Adagios prennent des airs de sérénades de plein air.

Poltéra ajoute le chant noble de l’Adagio de la 13e Symphonie, vrai petit concerto pour son instrument, avant de passer de la lumière à l’ombre, renouant ave son tropisme pour le XXe siècle et s’appropriant la Trauermusik que Paul Hindemith destinait à l’alto, quatre méditations dont les chants nostalgiques emplissent sa grande caisse. Admirable, mais soudain on regarde ailleurs.

LE DISQUE DU JOUR

Franz Joseph Haydn
(1732-1809)
Concerto pour violoncelle et orchestre No. 1 en ut majeur, Hob. VIIb:1
Concerto pour violoncelle et orchestre No. 2 en ré majeur, Hob. VIIb:2
Symphonie No. 13 en ré majeur, Hob. I:13 (extrait : II. Adagio cantabile)
Paul Hindemith (1895-1963)
Trauermusik

Christian Poltéra, violoncelle
Münchener Kammerorchester

Un album du label BIS Records 2507
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Photo à la une : le violoncelliste Christian Poltéra – Photo : © DR