Paavo Järvi et les Zurichois entrent dans l’Adagio comme dans un temple : la concentration du pianissimo, l’immense premier crescendo replié au silence, les lignes successives sont autant d’oraisons. Pour Paavo Järvi, Bruckner est un Dieu vivant, il l’aura célébré partout, de Pittsburgh au Japon, et loin d’affermir une vision, aura constamment envisagé les neuf symphonies sous des angles différents.
Comme il me le confiait un jour alors que nous discutions à bâtons rompus des grands brucknériens et après avoir longuement débattu au sujet des interprétations de Takashi Asahina : « cet univers est inépuisable ».
Inépuisable, la 7e l’est certainement, tant à Zürich il lui donne une liberté agogique, des respirations d’orgue, des couleurs de vitrail, une densité spirituelle qui renouvellent son interprétation. Aurait-il enfin trouvé son orchestre Bruckner ? Question de densité du son, de verticalité de l’harmonie, de cohérence des registres : à Zürich, l’orchestre lui offre d’évidence le cosmos Bruckner, il n’a plus qu’à en modeler les voies lactées, produisant un concert céleste, et l’approche la plus mystique que j’ai entendue depuis celle d’Eugen Jochum.
Si seulement je tenais là le premier volume d’une intégrale !
LE DISQUE DU JOUR
Anton Bruckner (1824-1896)
Symphony No. 7 en mi majeur, WAB 107
Tonhalle-Orchester Zürich
Paavo Järvi, direction
Un album du label Alpha Classics 932
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Photo à la une : le chef d’orchestre Paavo Järvi – Photo : © DR