Finirait-on enfin par prendre la mesure du génie de Hans Sommer ? Ses opéras retrouvent outre-Rhin progressivement le chemin de la scène, révélant des ouvrages assez fabuleux, dont Rübezahl est un formidable exemple, mais comment ne pas admettre que tout son art se sera incarné dans son vaste corpus de lieder ?

Il les orchestra d’abondance, les parant d’une matière symphonique spectaculaire, n’ayant rien à envier à celle de Richard Strauss. Partout la poésie des textes est sublimée, et son registre favori sera celui des voix médianes, baryton et mezzo-soprano, qu’il enveloppe d’un lacis d’orchestre aussi savant qu’évocateur.

Merveille, Anke Vondung, l’Octavian de sa génération, met son timbre ambré à quatre d’entre elles, écoutez seulement sa sublime Mignon, alors que les mélodies pour baryton sont éclairées par le timbre lumineux de Benjamin Appl, liedersänger distingué.

Pourtant, Mojca Erdmann, toute soprano qu’elle est, se taille la part du lion, incluant les cinq lieder géniaux tirés de Lorelei, emplis de clairs de lune. À Mauro Peter la part congrue, un seul lied, et assez anecdotique ; peu importe, ce grand bouquet aux voix diverses célèbre un compositeur majeur du romantisme tardif germanique qu’il est temps de découvrir.

LE DISQUE DU JOUR

Hans Sommer (1837-1922)
Freisinn
Der König von Thule
Mignons Heimath
Beherzigung
Rastlose Liebe
Im Sturme, Op. 4 No. 3
Sir Aethelbert, Op. 11 No. 4
Lorelei, Op. 13 (5 extraits)
Nachts in der Kajüte
Wandrers Nachtlied
Erinnerung
Im Dorfe blüht die Linde, Op. 2 No. 2
Hunold Singuf, Op. 4 (4 extraits : Nos. 1, 6, 21 & 31)

Mojca Erdmann, soprano
Anke Vondung, mezzo-soprano
Mauro Peter, ténor
Benjamin Appl, baryton

Rundfunk-Sinfonieorchester Berlin
Guillermo García Calvo, direction

Un album du label Pentatone PTC5187023
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Photo à la une : © DR