Qui pourrait croire la narration orchestrale du Chasseur maudit coulée de la plume de César Franck ? Son orchestre épique qu’arde la direction si nette d’Alain Altinoglu regarde vers l’Allemagne romantique, et demeure fascinante dans un paysage musical français qui lui est absolument étranger. Le poème de Gottfried August Bürger lui aura inspiré des pages à l’écriture aussi virtuose qu’explosive. Plus rien dans l’œuvre de Franck n’y ressemblera, surtout pas la Symphonie et son principe cyclique qui fera couler tant d’encre, prise en exemple par une génération de compositeurs français.
Dès les premières mesures du Lento, murmuré sans traîner, Alain Altinoglu et ses Francfortois allègent les textures, élèvent les colonnes du temple, proclament en lumière un discours empli de couleurs, sauvant l’œuvre d’une longue tradition de grisaille métaphysique, lui préférant une spiritualité rayonnante qui irradiera dans un Finale solaire : on n’avait pas fait plus éloquent depuis l’incendie qu’y déclenchait Guido Cantelli à la NBC.
Ajout majeur, l’enregistrement de la première version de la « symphonie » que Franck avait initialement placée entre les deux parties de son oratorio Rédemption (1872), tout juste retrouvée et créée à Londres l’année passée, une autre élévation, chant amoroso empli de diaprures et d’orages, finement animée par cette battue élégante, agile, fervente qui avec la même phalange serait bien inspirée d’enregistrer Psyché, Les Éolides, Les Djinns.
LE DISQUE DU JOUR
César Franck (1822-1890)
Symphonie en ré mineur,
CFF 130
Rédemption, CFF 184
05(version 1875) – Morceau symphonique
Le Chasseur maudit, CFF 128
Orchestre Symphonique de la Radio de Francfort
Alain Altinoglu, direction
Un album du label Alpha Classics 898
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Photo à la une : le chef d’orchestre Alain Altinoglu – Photo : © DR