Pour Heugel, Georges Bizet « réduisit » tout le Don Giovanni de Mozart (sans les récitatifs bien entendu), « partition entièrement revue et doigtée avec les indications d’orchestre et de chant » précisait pour lever toute ambigüité la première de couverture de l’épaisse partition : donc pas de transcription ou de paraphrase, mais uniquement la musique de Mozart reprise note après note par un autre génie de la scène lyrique au siècle suivant.
Personne n’avait osé s’y risquer, j’en avais évoqué l’existence à Earl Wild qui connaissait la partition et s’en jouait de bribes pour lui, mais l’enregistrer au complet y songea-t-il seulement ? Michael Ponti fut un temps tenté, mais sa santé devenue délicate ajourna le projet, finalement Cyprien Katsaris nous l’offre, fantastique voyage dans ce théâtre de poche où sa culture lyrique, sa bravoure pianistique animent un magnifique Bechstein ; la pandémie lui aura offert le temps nécessaire pour s’immerger dans ces grandes deux heures de musique.
Tout est formidable dans le regard fidèle de Bizet qui culmine dans la scène finale de l’Acte II, une quasi demi-heure de musique incessante, d’une folle virtuosité dramatique, qui inspire à Katsaris autant de bravoure que d’espressivo.
Bravo !
LE DISQUE DU JOUR
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Don Giovanni, K. 527
(arr. pour piano seul : Georges Bizet)
Cyprien Katsaris, piano
Un album de 2 CD du label de l’Institut Chopin de Varsovie NIFCCD 141-142
Acheter l’album sur le site www.ledisquaire.com, ou sur Amazon.fr
Photo à la une : le pianiste Cyprien Katsaris – Photo : © Victoria Page