Le moderniste

À Bruxelles, siège de l’éditeur Fuga Libera, le Deuxième Concerto pour piano de Prokofiev est ancré dans le paysage sonore, passage obligé de bien des éditions du Concours Reine Elisabeth, mais c’est à Ekaterinbourg que cette fois l’œuvre aura été enregistrée et publiée à temps pour l’année du 130e anniversaire de la naissance de l’auteur de L’Ange de feu.

Le concert aura crée une certaine onde de choc dans tout l’Oural, le modernisme affiché des deux partitions – dans ce concerto, Prokofiev tord le cou au grand geste romantique à force de cadences infernales et de marches diaboliques, dans la symphonie, il laisse éclater un furioso dévastateur – et aura été heureusement prolongé au disque.

Formidable de noirceur virtuose (mais sans le démonisme irrésistible que Severin von Eckardstein y osait justement lors de son Concours Reine Elisabeth), Andrei Korobeinikov enflamme la cadence, fouette les scherzos, mais surtout donne enfin les reliefs, ombres et lumières, du Finale, souvent survolé. Pas ici.

Âpre, tonnante, abrasive (l’abrupt des cuivres, la verdeur des bois des souffleurs ouraliens est un atout majeur), la Deuxième Symphonie laisse rayonner son feu sombre sous la baguette implacable de Dmitry Liss. J’espère une suite, qui sait ?, avec les Troisièmes Concerto et Symphonie.

LE DISQUE DU JOUR

Sergei Prokofiev (1891-1953)
Concerto pour piano et orchestre No. 2 en sol mineur, Op. 16
Symphonie No. 2 en ré mineur, Op. 40

Andrei Korobeinikov, piano
Ural Philharmonic Orchestra
Dmitry Liss, direction

Un album du label Fuga Libera FUG798
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Photo à la une : le chef d’orchestre Dmitry Liss – Photo : © Simon van Boxtel