En mars 2022, la mort subite de Dorian, le fils de Pieter Wispelwey, plongea le violoncelliste dans une insondable tristesse. À sa mémoire, il aura gravé la Cinquième Suite de Bach et la Sonate de Kodály, mais l’opus 1 du tombeau musical de l’adolescent (il avait seize ans, possédait une très belle voix) sera assemblé en reprenant des œuvres de Schubert, valant pour portrait psychologique du jeune homme, enregistrées en 2014 et 2017, déjà précédemment publiées.

Non pas des œuvres pour violoncelle, mais des opus pour le violon et le piano que Pieter Wispelwey aura acclimatées sur son violoncelle, chefs-d’œuvre qui sonnent avec une mélancolie accrue que leurs mélodies soient en majeur ou en mineur, le ton de voix humaine de la grande caisse les colore volontiers d’ombres.

Fatal, l’hommage ne pouvait que s’ouvrir par le thème si douloureux des Variations sur « Trockne Blumen », mais allez d’abord aux consolations, aux tendresses de la Sonate D. 574, où le violoncelliste fait assaut d’élégance, archet fluide et diseur sur le clavier-rossignol de Paolo Giacometti, puis tentez le voyage irréel de la Fantaisie en ut : on passe là de l’autre côté du miroir, paradis étrange, entre visions et ravissements que l’archet chanteur transforme en pur rêve.

LE DISQUE DU JOUR

In Memoriam I

Franz Schubert (1797-1828)
Introduction et Variations sur « Trockne Blumen”, Op. 160,
D. 802
Sonate pour violon et clavier en la majeur, D. 574 Op. 162 (version avec violoncelle)
Rondo pour violon et clavier en si mineur, Op. 70, D. 895 (version avec violoncelle)
Fantaisie pour violon et clavier en ut majeur, D. 934 (version avec violoncelle)

Pieter Wispelwey, violoncelle
Paolo Giacometti, piano

Un album du label 16 EPRC0050
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Photo à la une : le violoncelliste Pieter Wispelwey – Photo : © Frits de Beer