Les deux Schumann

Belle idée, coupler le concerto de jeune fille d’une Clara pas encore Schumann avec celui de son futur époux, mais bonne idée ? Cet Opus 7 avoue son manque de génie. Beatrice Rana a beau faire, seul le Finale avec ses allures de polonaise montre un peu d’audace.

D’audace, c’est la pianiste qui en aura d’abondance dans un Concerto de Schumann qu’elle modèle à loisir, soignant toucher et phraser, mais au point, malgré l’écoute attentive dont l’entoure les musiciens et Yannick Nézet-Séguin, de déliter l’ouvrage à force d’en accentuer les contrastes.

Trop d’idées !, et partant un sollicitation excessive des affects, sans pourtant tomber dans le maniérisme, Beatrice Rana est trop artiste pour cela. Sa dispersion au long de l’Allegro affetuoso expose la vraie merveille du disque : la clarinette, jamais entendue aussi diseuse, lui vole la vedette.

Fallait-il ajouter Widmung, bis placide sous ses doigts, où rien de l’élan d’une cantatrice ne paraît, mais plutôt un ton de salon, un jeu d’estompe qui laissent dubitatif.

LE DISQUE DU JOUR

Robert Schumann
(1810-1856)
Concerto pour piano
en la mineur, Op. 54

Widmung, Op. 25 No. 1 –
version Liszt, S. 566

Clara-Wieck Schumann (1819-1896)
Concerto pour piano No. 1
en sol mineur, Op. 7

Beatrice Rana, piano
Chamber Orchestra of Europe
Yannick Néézet-Séguin, direction

Un album du label Warner Classics 5054197296253
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Photo à la une : la pianiste Beatrice Rana – Photo : © Simon Fowler