En 1937, sous l’ardent soleil de Californie, Arnold Schönberg orchestre le Premier Quatuor avec piano de Johannes Brahms, voyage à rebours dans une Europe quittée à jamais, plus !, immersion dans la musique d’un empire perdu : l’œuvre est pimentée de hungarismes, et pas seulement dans le Rondo alla zingarese. Michael Sanderling ajoute ce joyau de virtuosité – l’œuvre est difficile pour toute formation – où Schönberg s’invente son dernier orchestre tonal, aux quatre Symphonies</emme un cinquième opus du genre.

Fabuleuse version, qui expose les idiosyncrasies d’un habillage de timbres obéissant aux principes de la « Klangfarbenmelodie », et fait tout entendre d’une écriture ardant les polyphonies et cabrant les rythmes. Le Finale est fabuleux, avec des détails sonores qu’aucune version n’aura soulignés à ce point malgré la furia d’une direction endiablée.

Orchestre splendide que celui de Lucerne, redevenu en quelques années la première phalange helvète. Leurs quatre Symphonies, lyriques, en lumière (la Deuxième fait sa pastorale, irrésistible, la Troisième tonne des orages avec arcs-en-ciel), phrasées dans chaque pupitre, doivent autant à l’excellence des musiciens qu’à la direction pleine de caractère de Michael Sanderling, d’une poésie incessante, en tempos prestes. Ils renouvellent mon écoute d’un corpus à la discographie saturée, en particulier pour la Quatrième Symphonie, bois dorés, cordes fusantes, un automne de soleil qui contraste avec l’immense tempête d’une Première Symphonie où semble passer l’ombre de Wilhelm Furtwängler.

LE DISQUE DU JOUR

Johannes Brahms
(1833-1897)
Symphonie No. 1 en ut mineur, Op. 68
Symphonie No. 2 en ré majeur, Op. 73
Symphonie No. 3 en fa majeur, Op. 90
Symphonie No. 4 en mi mineur, Op. 98
Quatuor avec piano No. 1
en sol mineur, Op. 25 (Orchestration : Arnold Schoenberg)

Luzerner Sinfonieorchester
Michael Sanderling, direction

Un coffret de 5 CD du label Warner Classics 504197482373
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Photo à la une : le chef d’orchestre Michael Sanderling – Photo : © Patrick Hurlimann