Carreras

Festival de Salzbourg, 1986, Karajan reprend son Don Carlo, l’enferrant dans une Espagne de sépulcre, Escorial compris. Tempos lentissimes pour un crépuscule d’orchestre qui n’épargnera pas les chanteurs. Seule Agnes Baltsa, qui n’a jamais eu froid aux yeux, le force à s’exalter soudain, ce à quoi même les grandes scènes d’ensemble ne parviendront pas. Encore touchante, et en belle voix un peu grave, Fiamma Izzo d’Amico, n’est pas loin d’être l’Elisabetta idéale à Fontainebleau, mais n’a plus trop l’énergie de son air à l’Acte IV ni de la scène finale.

On se doute que Ferruccio Furlanetto n’est pas le plus noble, de timbre, de ligne, des Philippe II, mais comment croire Piero Cappuccilli si épuisé ? Las, on se vengera avec le Grand Inquisiteur terrible de Matti Salminen, et on n’aura d’oreilles, et d’yeux que pour José Carreras, Carlo fragile qui millimètre chaque émotion dans sa plus belle voix : lui, Aragall, Bergonzi, mon trio de princes, mais lui d’abord !, surtout ce jour-là.

Spectacle exemplaire, image et son optique rénovés, pour Carreras dans l’une de ses plus belles soirées, cela devrait vous suffire, d’autant que le reste n’est pas négligeable.

LE DISQUE DU JOUR

Giuseppe Verdi
(1813-1901)
Don Carlo

José Carreras, ténor
(Don Carlo)
Agnès Baltsa,
mezzo-soprano (La Princesse Eboli)
Piero Cappuccilli, baryton (Rodrigo)
Matti Salminen, basse
(Le Grand Inquisiteur)
Ferruccio Furlanetto, basse (Philippe II, le Roi d’Espagne)
Fiamma Izzo d’Amico, soprano (Elisabeth de Valois)
Franco de Grandis, basse (Un Moine)
Antonella Bandelli, mezzo-soprano (Thibault)
Horst Nitsche, ténor (Le comte de Lerme)
Katharina Schuchter (La comtesse d’Aremberg, rôle muet)
Volker Horn, ténor (Un héraut royal)

Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor
Berliner Philharmoniker
Herbert von Karajan, direction, mise en scène

Un DVD/Blu-Ray du label C Major 761604
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Photo à la une : © DR