Les trois plans sonores de Voiles sont l’un des secrets les mieux gardés du piano de Debussy. Jean-Paul Gasparian y infuse comme un gamelan, la diversité de la touche, les petites notes dorées de l’aigu, la transparence du tout font entrer de l’air dans cette marine immobile.
Ce seront des écheveaux d’écume que Le vent dans la plaine envole, et d’assez incroyables volutes d’encens mélodiques qui suivront pour les deux autres Préludes. Toujours cette clarté qui ne dissimule rien, pas même la tentation du silence (Des pas sur la neige), voire expose la fureur absolue, la virtuosité spectaculaire qui tonne un cataclysme : Ce qu’a vu le vent d’Ouest est au moins un cyclone.
Délicieuse Sérénade interrompue, un peu ravélienne dans son Espagne (c’est bien vu), Cathédrale engloutie saisissante par son ampleur, Puck goguenard, Minstrels de café-concert, décidément l’univers Debussy n’a pas de secret pour le jeune homme, ce que soulignent encore des Estampes caressées, chacune dans son mystère, le pianiste y raffine les teintes comme un parfumeur assemblant les fragrances.
En coda une merveille, le Léger et fantasque de Rondes de printemps où le père du pianiste a enfermé dans son instrument les plus subtils des sortilèges de la dernière des Images pour orchestre, transparences, clarté, élégance jusque dans l’exultation, avec comme le souvenir d’un certain faune qui vient s’y lover.
Admirable disque d’un pianiste qui s’avoue debussyste et nous doit une suite dans cet univers.
LE DISQUE DU JOUR
Claude Debussy (1862-1918)
Préludes, Livre 1, CD 125,
L. 117
Estampes, CD 108, L. 100
Rondes de printemps (No. 3, extrait des « Images pour orchestre, CD 118, L. 122 » ; arr. Gérard Gasparian)
Jean-Paul Gasparian, piano
Un album du label naïve classique V7958
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Photo à la une : le pianiste Jean-Paul Gasparian –
Photo : © Jean-Baptiste Millot