Le premier chef-d’œuvre du compositeur ? S’il n’y avait eu auparavant les 4 Pièces, où Bartók élabore la syntaxe qu’il emploiera dans son ballet, on pourrait répondre oui. D’ailleurs, l’œuvre ne commence pas chez Bartók, mais chez Wagner : la grande pédale de cordes grave qui portera l’apparition fantomatique du cor découle de celle qui ouvre Das Rheingold.

Cristian Măcelaru fait entendre la quasi citation dans les textures éclairées de l’Orchestre de la WDR, il conduira le ballet dans cet entre-deux constant où le compositeur l’a placé, tantôt pantomime, tantôt symphonie, l’action alternant avec les paysages, la danse avec la psyché.

Cet équilibre difficile à tenir, János Ferencsik comme Walter Süsskind l’avaient réussi, alors que Pierre Boulez inscrivait déjà dans le conte noir du Prince de bois les notes de feu du Mandarin merveilleux.

C’est un choix, assumé, de faire suivre d’oreille les différentes entrées, osant le tohubohu de la Danse des princesses avec le Prince de bois ou la finesse très Oiseau de feu de l’Apparition radieuse du Prince. Belle lecture, elle me réconcilie avec l’art d’un chef qui m’était resté jusque-là indifférent. Sa Suite de danses, juste barbare comme il faut, emplie d’accents transylvaniens est tout aussi réussie.

LE DISQUE DU JOUR

Béla Bartók (1881-1945)
Le Prince de bois, Op. 13,
Sz. 60
Suite de danses, Sz. 77

WDR Sinfonieorchester
Cristian Măcelaru, direction

Un album du label Linn Records CKD714
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Photo à la une : le chef d’orchestre Cristian Măcelaru – Photo : © Sorin Popa