Johannes Moser et Andrei Korobeinikov placent en exergue de leur album la Deuxième Sonate, assurément le chef-d’œuvre d’entre les trois.
Perdu dans les gratte-ciels de New York, taraudé par la certitude qu’il ne reverait ni Prague, ni les collines de Bohème, Bohuslav Martinů écrit une de ses œuvres les plus sombres, parcourue de motifs tchèques, ardée par de grands solos de piano menaçants, partition qui met à part égale les deux instruments et leur confère à chacun un discours.
Magnifique l’archet tumultueux de Johannes Moser (et comme il tranche sur la dernière note de l’Allegro, effet rarement rendu), prodigieux le piano si varié, aux dynamiques contrastées d’Andrei Korobeinikov, quel duo !, qui égale celui, légendaire de János Starker et de Rudolf Firkušný ou les gravures plus anciennes de Saša Večtomov (Supraphon).
Les deux amis trouvent tout autant les paysages élégants, le giocoso impertinent de la Première Sonate, composée dans l’agitation cosmopolite de Paris, quelques épices rousselliennes pimentant le discours où s’ébrouent des souvenirs des furiants tchèques.
Consonante, solaire, sereine, la Troisième Sonate les laisse chanter caloroso, admirable musique d’un compositeur qui semble y célébrer la paix retrouvée, l’harmonie du monde, et sera entré de son vivant dans son propre classicisme.
LE DISQUE DU JOUR
Bohuslav Martinů (1890-1959)
Sonate pour violoncelle et
piano No. 2, H. 286
Sonate pour violoncelle et
piano No. 1, H. 277
Sonate pour violoncelle et
piano No. 3, H. 340
Johannes Moser, violoncelle
Andrei Korobeinikov, piano
Un album du label Pentatone PTC5187007
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Photo à la une : le pianiste Andrei Korobeinikov et le violoncelliste Johannes Moser – Photo : © 2016 Sarah Wijzenbeek