Chants magnétiques

Musique du silence, plutôt que musique silencieuse. Dès le bruissement d’ailes dorées de l’Angelico qui ouvre le Livre de 1959 (et donc tout le cycle écrit sur presque dix ans), Stephen Hough ouvre la porte mystique que désignent les fragments de chansons catalanes, les esquisses brisées de rythmes de sardanes : música callada, música catalana, le pianiste anglais sait, depuis sa prodigieuse relecture des Canciónes y Danzas, Charmes et autres Paisajes, que le silence chez Mompou est la manifestation de la spiritualité.

Un peu plus d’un quart de siècle séparent les deux albums, c’est peu dire que Stephen Hough aura pris le temps de se perdre et de se trouver dans ces effleurements de notes, dans cet hypnotique labyrinthe de songes éveillés.

Il se garde bien comme tant d’autres d’en réduire jusqu’à l’abstraction, jusqu’à la blancheur ces presque-riens où s’impose le souvenir des Préludes les plus murmurés de Debussy.

Son piano prône le plein jusque dans le quasi silence, la profondeur dans l’immatériel, et joue des timbres comme de ceux d’un gamelan lointain. Fascinant, et si différent de tout ce qu’on y aura tenté, peut–être l’un de ses plus grands disques, écoutez seulement.

LE DISQUE DU JOUR

Federico Mompou
(1893-1987)
Música callada (Intégrale)

Stephen Hough, piano

Un album du label Hypérion CDA68362
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Photo à la une : le pianiste Stephen Hough – Photo : © Andrew Crowley