L’Allemagne se sera attribuée cette Finta giardiniera créée en son temps à Munich, et le disque ne fut pas étranger à la métamorphose de cet opera buffa en singspiel. Hans Schmidt-Isserstedt, pour les micros de Philips en réalisa une gravure splendide, à la distribution stellaire (Norman, Donath, Troyanos, Sukis, Unger, Prey et j’en oublie), confirmant d’ailleurs une tradition établie par les radios germaniques dès le début des années cinquante : cette Gärtnerin était alors le plus joué des ouvrages de jeunesse de Mozart.
Leopold Hager, puis Nikolaus Harnoncourt revinrent au dramma giocoso et à l’italien, colorant soudain l’œuvre d’une vivacité où s’évoquera pour certains le parfum prémonitoire des Nozze.
Andrew Parrott aura tranché, il dirige en concert la version allemande, mais pas celle que l’on connait par la gravure d’Hans Schmidt-Issertedt, il faudrait débrouiller les sources de cette traduction différente qui interpole parfois un air d’un personnage l’autre, ce dont je suis bien incapable.
Reste que même germanisée, cette Gärtnerin est emmenée comme une folle journée par Andrew Parrott et magnifiée par le couple principal : la comtesse de Sandrine Piau sous le masque de Sandrina ne saurait renoncer à l’aristocratie naturelle de son timbre, elle éclaire le personnage avec un art surprenant. Face à elle, le comte de grande fantaisie de Julian Prégardien est simplement épatant, jusque dans ses élans de cadences virtuoses.
Mention spéciale pour le Ramiro tendre d’Olivia Vermeulen, bravo à Lydia Teuscher, Serpetta dont le beau chant n’abdique jamais le caractère pimenté du personnage, révérence au Don Anchise de Wolfgang Ablinger-Sperrhacke : tous excellent, délivrant une version qui constitue un ajout majeur à la discographie pourtant limitée de cette folle comédie.
LE DISQUE DU JOUR
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
La finta giardiniera, K. 196 (version en allemand)
Sandrine Piau, soprano
(La marquise Violante Onesti / Sandrina)
Susanne Bernhard, soprano (Arminda)
Lydia Teuscher, soprano (Serpetta)
Olivia Vermeulen, mezzo-soprano (Le chevalier Ramiro)
Julian Prégardien, ténor (Le comte Belfiore)
Wolfgang Ablinger-Sperrhacke, ténor (Don Anchise)
Michael Kupfer-Radecky, baryton (Roberto)
Münchner Rundfunkorchester
Andrew Parrott, direction
Un coffret de 3 CD du label CPO 555386-2
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Photo à la une : le chef Andrew Parrott – Photo : © DR