Violon ou flûte ? L’un plutôt que l’autre probablement, puisque Carl Maria von Weber a composé expressément les petites merveilles que constituent les Six Sonates Op. 10 pour « piano et violon obbligato ». Il les aura écrites non sans difficulté à Darmstadt entre le 20 septembre et le 17 octobre 1810, confessant « elles m’ont coûté plus de sueur que plusieurs symphonies ». Un pensum, écrit pour répondre à une commande de l’éditeur André ?
La musique délicieuse, parcourue de danses et d’arias d’opéras (on reconnaît dans le Vivace de la 5e Sonate un thème tiré de Silvana) est du pur Weber pour l’invention, fatalement elle fait la part belle au piano. Seymour Lipkin s’en régale magnifiant romance et sicilienne, et emportant les Finales souvent « alla Polacca ». Quel art y déploie Arnold Steinhardt qui aura délaissé le temps de ces sessions son cher Quatuor Guarneri, son violon si élégant pimente parfois le discours de traits capricieux décidément très Weber.
Le disque est d’autant plus précieux que cet Opus 10 reste inexplicablement oublié, en tous cas des violonistes : jusque-là je n’en connaissais qu’une version, mais pour flûte et piano, avec Emmanuel Pahud et Eric Le Sage (Valois) : la comparaison est savoureuse, rendant l’une et l’autre proposition indispensables à qui veut connaître tout son Weber.
LE DISQUE DU JOUR
Carl Maria von Weber (1786-1826)
6 Sonates pour violon et piano, Op. 10b
No. 1 en fa majeur, J. 9906
No. 2 en sol majeur, J. 100
No. 3 en ré mineur, J. 101
No. 4 en mi bémol majeur, J. 102
No. 5 en la majeur, J. 103
No. 6 en ut majeur, J. 104
Arnold Steinhardt, violon
Seymour Lipkin, piano
Un album du label Biddulph Recordings 85010-2
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Photo à la une : le violoniste Arnold Steinhardt – Photo : © Philip Pirolo