Ne vous arrêtez pas à l’exorde des Valses nobles et sentimentales, qui assène et dit tout net que pour Ravel, en tous cas pour mon Ravel comme je l’ai appris aux disques de Monteux, de Cluytens, de Paray, les Basques n’ont pas, de sonorité, d’élan, la fibre absolument ravélienne.
C’est l’écueil de cette nouvelle intégrale. Probablement si l’orchestre n’était sis à San Sebastian, l’idée d’enregistrer Ravel pour une autre raison que son attachement à son pays natal n’aurait pas germé dans l’esprit du directeur d’Ondine.
Mais une fois passé le portique des Valses (qui n’est pas ce que Ravel aura réussi vraiment, cela vaut aussi pour la version princeps, qui casse les doigts des pianistes), Robert Treviño est un conteur expert en atmosphères, un peintre raffiné, qui sait distiller les mystères de l’harmonie et colorer les émotions.
Cela est encore plus vrai pour Shéhérazade, cette Ouverture de féérie où Ravel a encore un petit côté Rimski et un autre Dukas, dont le chef se régale, allégeant soudain son orchestre pour faire entendre les délicieux principes horlogers qui règlent une partition mirifique que Jean Martinon fut le premier à graver.
Tout aussi onirique et opulente, sa lecture de Ma mère l’Oye – version ballet – rejoint pour la narration, la fantaisie, celles de Cluytens et de Martinon, alors que le Menuet antique sonne un peu « assis ».
Curiosité, Boulez perdant son orchestre en tordant pour son atelier sonore le Frontispice. On comprend pourquoi il n’a pas jugé bon de l’enregistrer.
LE DISQUE DU JOUR
Maurice Ravel (1875-1937)
Valses nobles et sentimentales, M. 61
Menuet antique, M. 7
Frontispiece, M. 70
(version Boulez)
Shéhérazade, ouverture de féerie, M. 17
Ma mère l’oye, M. 62 (ballet)
Orchestre National Basque
Robert Treviño, direction
Un album du label Ondine ODE1416-2
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Photo à la une : le chef d’orchestre Robert Treviño – Photo : © DR