Tartini ou Locatelli, s’il faut préférer de garder l’un contre l’autre, alors Locatelli. Mon choix est tranché depuis longtemps, Locatelli, aussi virtuose soit-il, est d’abord un poète et comme les poètes son art ne veut pas épater, mais surprendre et toucher.
Isabelle Faust le sait bien qui fait entendre dans le délirant jeu à la chanterelle qui parcourt tout l’Allegro et le Finale du Concerto en la majeur ce rossignol têtu, un peu ivre. Et comme elle portera le grand chant du Largo où passe le souvenir de Vivaldi : un vrai aria d’opéra.
L’album est magnifique d’autant qu’il a le goût de trop peu. Deux Concertos seulement choisis dans le beau bosquet de L’Arte del violino, détaillés et envolés par un archet capricieux et tendre, alternés avec deux Concertos grossos, dont l’un des opus les plus saisissants coulés de la plume de Locatelli, cette Pianto d’Arianna, scène dramatique en six sections qui fait entrer tout un théâtre dans le petit orchestre et où Arianna est un violon.
Album touché par la grâce, magnifié par cette poésie diseuse que partagent Isabelle Faust, Giovanni Antonini et son Giardino magique, vite !, une suite.
LE DISQUE DU JOUR
Pietro Antonio Locatelli (1695-1764)
Concerto grosso en ut mineur, Op. 1 No. 11
Concerto pour violon et orchestre en la majeur,
Op. 3 No. 11
Concerto grosso en mi bémol majeur, Op. 7 No. 6 « Il pianto d’Arianna »
Concerto pour violon et orchestre en ut mineur, Op. 3 No. 2
Concerto grosso en fa mineur, Op. 1 No. 8 (extrait : VI. Pastorale)
Isabelle Faust, violon
Il Giardono Armonico
Giovanni Antonini, direction
Un album du label harmonia mundi HMM 902398
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Photo à la une : la violoniste Isabelle Faust et le chef d’orchestre Giovanni Antonini – Photo : © DR