Les deux César

Impossible d’entendre dans la Sonate composée a minima par un gamin de treize ans quoi que ce soit du vocabulaire de César Franck. Son classicisme scolaire, son formalisme pointent tout de même cette distance avec le Romantisme, brèche par laquelle le génie de Franck trouvera son chemin.

Un autre Franck balise l’album. Ce Grand caprice qui hésite entre Chopin et Liszt, œuvre d’un jeune homme de vingt-et-un ans qui a déjà sa signature avec le motif initial, si modal. Romantique, oui, mais en quelque sorte par défaut et au seul usage des salons.

Ingmar Lazar fait entendre les deux univers qui alternent au long de cette pièce ambiguë, avant de trouver sur son Bösendorfer la poésie prégnante de Prélude, Aria et Final, testament musical du compositeur, qu’il a eu raison de placer avant la trouble poésie, bien plus courue, du Prélude, Choral et Fugue.

Il l’évoque dans un clavier tout en sfumato, mystérieux, soulignant en modelant les phrasés les nombreux hommages aux ultimes Sonates de Beethoven, sous-texte enfin évoqué en place des révérences à Bach que tant de pianistes y auront imposées.

LE DISQUE DU JOUR

César Franck (1822-1890)
Sonate pour piano No. 1
en ré majeur, CFF 2

Premier Grand caprice
en sol bémol majeur, Op. 5, CFF 11

Prélude, Aria et Final, CFF 26
Prélude, Choral et Fugue,
CFF 24

Ingmar Lazar, piano

Un album du label hänssler Classic HCC22055
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Photo à la une : le pianiste Ingmar Lazar – Photo : © DR