Quatre Impromptus ? Une sonate répond Dasol Kim, déployant le trait initial de l’Allegro moderato dans un phrasé dramatique, colorant en sombre ce que tant de pianistes auront voué à la simple confidence, déployant une narration qui élargit le cadre sans jamais amoindrir la tension : quasi treize minutes, idem pour le Thème et variations, de vrais mouvements de sonates, architecturés comme tels et joués avec une présence qui investit aussi l’Allegretto, très dit, modelé, dont la mélodie est chantée comme par un baryton. Allegro scherzando insensé, fouetté alla hungarese, beau tel un pur-sang qui piaffe, avec ses fabuleux traits dans l’aigu comme échappés d’une tempête, et à la fin, cette fièvre de furiant qui me fait croire que oui !, Dasol Kim connait son Edwin Fischer.
Quel piano de grand caractère !, qui investit aussi une Sonate en si bémol ombreuse, dont les deux premiers mouvements semblent résonner de l’autre côté du Léthé. Admirable pour l’ampleur, la profondeur du son, modelé à plein clavier, et avec cette science innée aux seuls vrais schubertiens, savoir suspendre le temps, l’élargir dans les instants où il faut dire plus.
Prise de son superbe, Steinway itou, texte remarquable signé Wolfgang Rathert, Aparté a trouvé ici un tout grand pianiste, et serait bien inspiré de rapatrier sous son label le premier album de ce prodige, paru sous étiquette jaune en Corée, un disque Schumann au programme parfait : Arabesque, Humoreske, Kreisleriana.
LE DISQUE DU JOUR
Franz Schubert (1797-1828)
4 Impromptus, D. 935
Sonate pour piano No. 21
en si bémol majeur, D. 960
Dasol Kim, piano
Un album de 2 CD du label Aparté AP318
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Photo à la une : le pianiste Dasol Kim – Photo : © Holger Talinski