Philippe Herreweghe finira-t-il, poco a poco, par enregistrer toutes les Cantates de Bach ? J’en rêve depuis quelques années, confit d’espoir depuis qu’il les a remises sur le métier pour son label.

Clou du nouvel album la vaste Herz und Mund und Tat und Leben, reprise et augmentation avec récitatifs expressifs d’un premier jet composé à l’époque de Weimar. Pour la Fête de la Visitation, Bach écrit un chœur et un orchestre festifs, la battue fluide y faisant entrer de puissants fuseaux de lumière.

Polyphonies dansantes dès le premier chœur, mais aussi présence du mystère ourlé par les timbres des instruments anciens (merveille, l’air de soprano avec les bariolages du violon), quelle œuvre !,saisie ici dans une lumière latine, assez opératique, qui lui va comme un gant.

Le théâtre émotionnel de la Cantate BWVV 99 (écoutez l’air en demi-teintes du ténor face au ruban de la flûte) est si saisissant ici !, alors que la coupe plus classique de la Cantate BWV 6 où Bach raffine à loisir un orchestre embaumé par les sonorités agrestes des hautbois da caccia, y osant des vertiges harmoniques saisissants, voit Philippe Herreweghe révéler le vrai visage d’une partition trop souvent survolée.

Vite, la suite !

LE DISQUE DU JOUR

Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Cantate « Was Gott tut, das ist wohlgetan », BWV 99
Cantate « Bleib bei uns, denn es will Abend werden », BWV 6
Cantate « Herz und Mund und Tat und Leben », BWV 147

Dorothee Mields, soprano
Alex Potter, contre-ténor
Guy Cutting, ténor
Peter Kooy, basse

Collegium Vocale Gent
Philippe Herreweghe, direction

Un album du label Phi LPH041
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Photo à la une : le chef Philippe Herreweghe – Photo : © JC Guillaume