Sérénité

Lio Kuokman se garde bien de tirer le ré mineur vers Don Giovanni, dès l’intrada il préfère les ombres inquiètes, l’orchestre comme tendu d’une moire auquel répond le geste si simple, si directe d’Anne Queffélec. Pudeur et émotion, jeu mesuré et qui dit d’autant plus, avec ce délié, cet aigu de flûte, cette douceur qui n’abdiquent pas l’espressivo.

La Romance sera fluide, assez vive, là encore un paradis de nuance et cette façon de se tenir souriant au bord d’un gouffre. Finale emporté, une tempête y pénètre sans que jamais la grandiloquence beethovénienne que tant y auront exagéré n’y paraisse.

Mozart reste maître chez Mozart, et retrouve l’embellie avec une lecture miraculeuse du mal aimé Concerto en si bémol. Les Parisiens le font sérénade dès l’introduction, avec un petit esprit Cosi fan tutte, des perles au bout des doigts, un fin sourire sur les phrasés, d’infimes suspensions où passent, soudaines, des ombres légères ; le jardin qu’arpente Anne Queffélec sent son automne, les effleurements de son jeu, la tendresse des accents vont au cœur de ces adieux plus mélancoliques que je ne les avais crus.

Le début d’une intégrale, ou du moins un voyage étoffé dans les Concertos ? Croisons les doigts.

LE DISQUE DU JOUR

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Concerto pour piano et orchestre No. 20 en ré mineur, K. 466
Concerto pour piano et orchestre No. 27 en si bémol majeur, K. 595

Anne Queffélec, piano
Orchestre de chambre de Paris
Lio Kuokman, direction

Un album du label Mirare MIR686
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Photo à la une : la pianiste Anne Queffélec – Photo : © Caroline Doutre