Jean-Nicolas Diatkine ne visera pas dans les Préludes le spectaculaire, la fulgurance, l’effet, tout ce qui risquerait de morceler un cahier dont il tourne les pages en y lisant un récit cohérent, et souvent très sombre : écoutez-le alentir dans une nuance de silence le second Prélude. C’est d’un poète, auquel les doigts ne manquent jamais, tout le long du cycle un sentiment élégiaque modèle le très beau Steinway – basses abyssales, medium plein, aigus sans clairon – qui semble idéal pour cette démarche si intérieure.

Tempos toujours modérés, il faut tout faire chanter et ne rien brusquer, même dans les pages tempétueuses, la grande polyphonie de Chopin rayonne jusque dans ce sombre, et met aux Préludes les plus lumineux une nuance d’or profond.

Désarmant Prélude Op. 45, désillusioné et pourtant tendre, et puis le petit caprice posthume, comme venu d’un autre Chopin, refermant un album commencé par une Troisième Sonate sans effets, presque trop retenue dans ses Allegros, mais où le musicien parle.

LE DISQUE DU JOUR

Frédéric Chopin (1810-1849)
Sonate pour piano No. 3
en si mineur, Op. 58
24 Préludes, Op. 28
Prélude en ut dièse mineur,
Op. 45
Prélude en la bemol majeur,
B. 86

Jean-Nicolas Diatkine,
piano

Un album du label Solo Musica SM 433
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Photo à la une : le pianiste Jean-Nicolas Diatkine –
Photo : © Olivier Allard