Mozart II

La retenue pourra surprendre. Guido Cantelli commençait la 29e Symphonie dans un grand soleil, Maxim Emelyanychev qui l’a choisie pour ouvrir le second volume de son intégrale la débute dans un clair-obscur qui donne le ton : l’Allegro moderato gardera, dans son tempo savamment soupesé, cette ombre que personne à vrai dire, de Böhm à Harnoncourt, n’y a osée. L’Andante plussoiera, dix minutes !, chantant comme un nocturne, archets légers mais phrasés un peu nostalgiques, une petite sérénade sous une lune voilée.

Volonté trop nette de se singulariser ? En rien. Le jeune chef russe opte pour le demi-caractère, exactement l’esthétique de la 40e Symphonie qui referme l’album dans un geste plus conquérant certes, mais pas moins lyrique. La cohérence du programme, qui mène de Salzbourg à Vienne, est évidente. La qualité de l’interprétation, et simplement du jeu des musiciens italiens, parle d’elle-même.

Ce Mozart-là, qui ne prend en compte que de manière indicative les principes de l’interprétation historiquement informée, est aussi surprenant dans le paysage d’aujourd’hui que divinement musical, ce qu’illustre un agreste Concerto pour hautbois, lyrique lui aussi, sur les pointes, avec un merveilleux soliste qui fait de sa cadence une aria que Despina aurait pu chanter.

LE DISQUE DU JOUR

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Symphonie No. 29 en la majeur, K. 201
Concerto pour hautbois et orchestre en ut majeur, K. 314
Symphonie No. 40 en sol mineur, K. 550

Ivan Podyomov, hautbois
il pomo d’oro
Maxim Emelyanychev, direction

Un album du label Aparté 328
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Photo à la une : le claviériste et chef d’orchestre Maxim Emelyanychev – Photo : © Tessa Posthuma de Boer