Les chefs-d’œuvre d’orchestre de Dvořák ? Certainement. Dès leurs moutures pour piano à quatre mains, l’orchestre s’y lisait littéralement, Dvořák aura habillé la première série avec un luxe d’imagination, et une virtuosité dans la mise en œuvre où il résume à la fois son art de coloriste et la prodigieuse vitalité rythmique qui est le secret de sa syntaxe musicale.
Nombre de chefs en seront restés qui aux couleurs, qui à la symphonie. Tomáš Brauner dont chaque disque illustre l’excellence (voir son accompagnement pour Lukáš Vondráček dans les Concertos de Rachmaninov, ici) ou son album monographique consacré à Karel Husa (voir ici) donne la primauté aux rythmes et aux contrechants, faisant respirer la formidable machine à danser des deux séries, et pour la seconde ajoutant la touche un peu nostalgique qui la singularise si subtilement de son ainée.
Virtuose évidemment, mais poétique d’abord lorsque le lyrisme l’emporte, montrant les danseurs et pas seulement la danse, composant des scènes de village avec personnages, tout un petit théâtre de mouvements et d’émotions qui semble ressusciter un paradis perdu, merveille que je place aux côtés de mes versions favorites, le grand soleil ébroué par Karel Šejna (Supraphon), les splendeurs d’orchestre de Rafael Kubelík et des Bavarois (Deutsche Grammophon), la verve irrésistible d’Antal Doráti à Bamberg, oui devant ces trois-là, Tomáš Brauner et ses Pragois ne palissent pas, mieux, ils enthousiasment !
LE DISQUE DU JOUR
Antonín Dvořák (1841-1904)
8 Danses slaves, Cahier 1,
Op. 46, B. 83
8 Danses slaves, Cahier 2,
Op. 72, B. 147
Orchestre Symphonique de Prague
Tomáš Brauner, direction
Un album du label Supraphon SU4332-2
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Photo à la une : le chef d’orchestre Tomáš Brauner – Photo : © DR