Bruno Philippe se serait-il souvenu du mot de Colette disant que le violoncelle de Pierre Fournier chantait mieux que tout ce qui chante ? Chez Fauré, il n’ira pas aux ténèbres des Sonates, mais à trois mélodies dont son archet n’ôte pas totalement les mots : Après un rêve est si dit ! Ce qu’il fait entendre dans la Sonate de Franck est d’abord sa grande mélodie continue qui gagne au violoncelle une nuance tragique que le piano de Tanguy de Williencourt paysage de brumes et d’éclairs. Quel appassionato !

Et que de tendresse amusée, de giocoso ourlé de mélancolie dans la délicieuse Sonate que Francis Poulenc composa justement pour Pierre Fournier, ses réminiscences de Chopin mariées à quelques échos de bals de bord de Marne font un éden sonore que les deux amis dorent d’une nuance rêvée.

Le grand brio tempétueux du Premier Concerto de Saint-Saëns occupe le centre de l’album, tenu, maîtrisé, chanté d’abord, dommage que l’orchestre savamment dosé par Christoph Eschenbach sonne un peu loin, seul bémol tout relatif de ce beau parcours du violoncelle parisien d’un siècle à l’autre.

LE DISQUE DU JOUR

Gabriel Fauré (1845-1924)
Romance en la majeur pour violoncelle et piano, Op. 69
Papillon, Pièce pour violoncelle, avec accompagnement de piano, Op. 77
Après un rêve, Op. 7 No. 1 (version pour violoncelle et piano : Pablo Casals)
César Franck (1822-1890)
Sonate pour violon et piano en la majeur, FWV 8, CFF 123 (version avec violoncelle : Jules Delsart)
Camille Saint-Saëns (1835-1921)
Concerto pour violoncelle et orchestre No. 1 en la mineur, Op. 33
Francis Poulenc (1899-1963)
Sonate pour violoncelle et piano, FP 143

Bruno Philippe, violoncelle
Tanguy de Williencourt, piano

Orchestre Symphonique de la Radio de Francfort
Christoph Eschenbach, direction

Un album du label harmonia mundi HMM902316
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Photo à la une : le violoncelliste Bruno Philippe – Photo : © DR