Un piano ? Un orchestre ! Behzod Abduraimov déploie une palette de couleurs, une variété d’accents, un imaginaire de flûte, de trompette, de violon dans le grand piano que son toucher varie à l’infini.
Avec cela, il n’oublie jamais le ballet, vous verrez les danseurs, vous entendrez leurs pas, vous surprendrez leurs envols comme leurs pantomimes. Je crois bien que personne n’avait enfermé l’original dans la copie à ce point de vérité, textuel comme stylistique ; Emil Gilels peut-être ? L’ouverture de ce deuxième disque du pianiste ouzbek est une merveille certes, mais Les Murailles de l’ancienne Boukhara, exposition sans tableau où Dilorom Saidaminova aura tenté d’évoquer des mondes perdus, tire à la ligne, malgré tout l’art qu’y déploie le pianiste rendant hommage à cette belle musicienne dont les œuvres d’orchestre m’auront semblé autrement inspirées.
La vraie merveille du disque, malgré l’extraordinaire chapître Prokofiev ? Gaspard de la nuit ! Ondine irréelle, Gibet hypnotique, Scarbo vampirique, quelle version !, qui ne se départit pourtant jamais d’un souci esthétique, refusant de souligner, envolant tout dans un pianisme somptueux qui frôle parfois l’immatériel, une quintessence ravélienne.
LE DISQUE DU JOUR
Sergei Prokofiev (1891-1953)
10 Pièces de « Roméo et Juliette », Op. 75
Dilorom Saidaminova
(née en 1943)
Les Murailles de l’ancienne Boukhara
Maurice Ravel (1875-1937)
Gaspard de la nuit, M. 55
Behzod Abduraimov, piano
Un album du label Alpha Classics 1028
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Photo à la une : le pianiste Behzod Abduraimov – Photo : © DR